18/09/2007

Nat

Salut,
Juste éclaircir certains points.
Les questions soulevées par l’utilisation d’images n’entendaient pas qu’elles seraient en trop et qu’un récital seul se suffirait. C’est limpide pour moi que tu pars, vous partez d’un autre point d’exploration, qui pré-suppose cette multiplication des signes visuels et sonores. Et qu’en discuter ne signifie pas trouver une justification à la présence de l’image ou à l’image elle-même.
Si tu m’avais dit on va faire des photos de sans abris et les travailler pour trouver un agencement rythmique, esthétique qui puisse résonner avec Luca, je pense que j’aurais effectivement posé la question de la nécessité des images.
Ici, il y a image. Il y a son. Il y a texte. Et les pistes suivies me semblent justes.
Pour suivre ton idée de fragment de corps, la question c’était plus quels fragments et au vue de ce qui se produit comment nourrir une approche de cette recherche photographique ou filmique.
La méthode que tu proposes en ce sens m’intéresse.
Le travail de Messager a effectivement marqué à un moment notre mémoire et a généré il me semble beaucoup d’approches autour de ces questions d’exposition du corps. Je ne sais trop quoi en penser aujourd’hui.
J’aime bien l’image super 8 que tu m’as envoyée.
Il y a une chose que je ne comprends pas bien dans ton message :
“Ce travail est pour moi une rupture entre les mots et les images que j'ai pu produire avec d'autres textes.
J'expose la rupture.” ?
(je suis pas réalisateur) faut-il toujours être ceci ou cela pour faire des images, non, il me semble que tu as “réalisé” pas mal de choses, fait des photos, des expériences de films (réel, même si inachevé pour un que je sais) et que ce n’est pas forcément nouveau. Ce que j’entends comme nouveau c’est effectivement l’utilisation dans ton travail d’images provenant de la réalité.
Il me semble néanmoins que le travail de montage que tu fais avec les super 8 est une transformation du réel d’hors et déjà et aussi le travail proposé pour les fragments.
Dans les films expérimentaux les plus intéressants que je vois et qui me touchent (sorte de poème visuel ) c’est souvent lorsque que sont travaillés des rapports entre l’image du réel et sa transformation. Transformation de la couleur, de la vitesse donc du mouvement. Qui rendent compte de la matière et de son altération. Mais c’est difficile à réaliser, c’est de la chimie et je n’y connais rien de rien.
Si tu utilises déjà du super 8, je ne sais pas si c’est le meilleur support pour les fragments, j’en parlais juste par rapport aux questions de lumière que tu évoquais dans ton premier mail et aussi parce que je bricole avec ça en ce moment.
Cette question fragments de réel et altération électronique pourrait se poser aussi dans l’utilisation du son. Je ne sais pas. Depuis l’expérience de la performance de juin, il me semble que cette présence sonore avec le texte est vraiment à creuser.
L’expérience de Cage dans “roaratorio circus” est intéressante. Rapport son et texte. Et la méthode utilisée aussi.
Il a réécrit finnegan’s wake de Joyce avec une règle qu’il s’est fixée, qui préserve l’intensité du texte tout en le transformant, en brisant totalement la grammaire et le sens. Et il a prélevé dans le texte entier de l’oeuvre tout ce qui se référait à des images sonores, très concrètes et est allé enregistrer ces sons dans les endroits décrits.
Lors du concert performance il lisait le nouveau texte complètement déstructuré dans une sorte de chant accompagné de 64 bandes sonores, et ces sons récoltés étaient balancés dans l’ordre et où il se trouvait dans le premier texte. Ce qui au résultat donne une sorte de mélopée hallucinante, très dense, cacophonique et brouillée mais qui m’a fait vraiment entendre Joyce comme jamais entendu. Ce qui n’arrive pas toujours quand on lit juste ses textes, même à voix haute.
Mais on a dû déjà parlé de ça et tu connais sûrement.
C’était juste un exemple de travail de strates, de rapport entre littérature (texte écrit) et musique ou image sonore où l’éclatement multiplié du sens, des sens recrée un sens profond, subtil, et très physique (matériel) en même temps.
Joyce comme on l'entendrait dans un rêve de Joyce.
J’ai l’impression qu’avec Luca c’est une chose comme ça qui se cherche, d’où tous ces éléments qui travaillent avec.
Voilà pour aujourd’hui,
Quant à réaliser un film, oula, je cherche aussi, et la forme “film”dans le sens classique ou documentaire n’est pas à l’ordre du jour. Peut-être des fragments qui s’agenceront aussi avec d’autres.
Bonne journée
Nat

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