28/04/2007

recherches sur le studio dioptrique


L’allégorie est l’écriture de l’accumulation originaire et Benjamin le rappelle expressément dans certains fragments du texte sur Paris [3]. En effet, de même que le mode de production dans la manufacture désarticule ce qui assumait traditionnellement la forme de la totalité et de l’achèvement, de même les emblèmes, les innombrables intrigues et ruines dont se nourrit l’allégorie sont les résidus, les produits non finis provoqués par la crise qui investit la création à l’époque de l’accumulation originaire. A travers l’allégorie, le capital commence à imposer son hypothèque sur la création.

En d’autres termes, l’authenticité ne se constitue pas du côté de la réification, mais à l’intérieur de sa propre trame où doit être ouvert un passage qui conduise définitivement au-delà de celles-ci. A la question que pose Heidegger dans Sein und Zeit : « Le Dasein a-t-il une plus haute instance de son pouvoir-être que sa mort ? », Benjamin répondrait peut-être avec Proust, oui, dans le réveil.

Au moment du réveil qui rompt l’inertie du sommeil peuplé par les cauchemars des fantasmagories, le passé entre dans le champ énergétique du présent et met ainsi à l’ordre du jour tout ce qui était resté en lui en suspens, à l’état de possibilité et irrésolu et que seul le présent peut libérer en permettant son achèvement.

Il s’agit plutôt de ceci : le visage du monde ne se modifie jamais dans ce qu’il y a de plus nouveau, cette extrême nouveauté demeure en tous points identique à elle-même. C’est cela qui fait l’éternité de l’enfer. Déterminer la totalité des traits sous lesquels le moderne se manifeste, ce serait donner une présentation de l’enfer » [7].

La notion de fantasmagorie qui parcourt le livre sur les Passages décrit cette tendance de l’asservissement général du désir à la loi de la consommation reproductive : lier le désir au toujours nouveau afin que la répétition insensée soit intériorisée et devienne, ainsi, son intentionnalité originaire. Dans les fantasmagories modernes, dans les dispositifs de domination du capital se résume et se réactualise entièrement la dimension du mythe qui alourdit depuis toujours la signification de la vie. Chaque fois que le destin mythique agit en filigrane de la production de la modernité la vie est condamnée au court-circuit infernal de l’évanouissement du sens.

Il s’agit non pas de récupérer quelque chose, mais de libérer la vie qui grouille sous la surface du destin mythique et qui inscrit le nouveau dans le toujours identique.
http://multitudes.samizdat.net/article568.html?var_recherche=fragments

Créer a toujours été autre chose que communiquer. L’important, ce sera peut-être de créer des vacuoles de non-communication, des interrupteurs, pour échapper au contrôle.
http://multitudes.samizdat.net/article495.html

Autrement dit, c’est seulement une fois que le moment analytique a mis en lumière toutes les distinctions du terrain que l’on peut retraverser ce même terrain dans une autre direction, avec une attitude pratique, en présentant les « liens intimes » et le « mouvement réel » de l’être dans le processus de sa propre constitution.

« L’idée adéquate, c’est précisément l’idée comme exprimant sa cause. » (Deleuze : 119), c’est-à-dire à la fois sa cause matérielle (une idée) et sa cause formelle (notre puissance de penser).

Autrement dit, la joie est l’affirmation de l’être au moment de sa constitution pratique ; notre accroissement de puissance est la constitution affirmative de l’être lui-même. Ce qui n’est pas immédiatement évident cependant, c’est comment notre pratique peut commencer avec la joie.

La notion commune est un mécanisme ontologique qui forge l’être à partir du devenir, la nécessité à partir du hasard. C’est l’agencement ontologique grâce auquel la rencontre joyeuse fortuite se fait adéquate : c’est le retour de la rencontre joyeuse.

« Il n’y aurait qu’un moyen de rendre viable l’état de nature : en s’efforçant d’organiser les rencontres. »

http://multitudes.samizdat.net/article560.html

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