Dans un passage célèbre de la Pensée sauvage, Claude Lévi-Strauss utilise l'image du kaléidoscope pour décrire par analogie la logique « sauvage », qu'étudie l'ethnologue (Claude Lévi-Strauss, La Pensée sauvage, « La logique des classifications totémiques », Paris, Plon, 1962, Pocket Agora, p. 51-52).
« Cette logique opère un peu à la façon du kaléidoscope : instrument qui contient aussi des bribes et des morceaux, au moyen desquels se réalisent des arrangements structuraux » (p. 51).
La logique « bricolée » par la pensée sauvage, telle que la conçoit Lévi-Strauss, obéit en effet à une certaine homologie structurelle avec le kaléidoscope :
* les éléments proviennent d'un processus contingent de destruction et de cassure : cassure du verre, ou récupération de signes linguistiques sortis de leur contexte : « les fragments sont issus d'un procès de cassure et de destruction, en lui-même contingent, mais sous réserve que ses produits offrent entre eux certaines homologies : de taille, de vivacité de coloris, de transparence. Ils n'ont lus d'être propre, par rapport aux objets manufacturés qui parlaient un « discours » dont ils sont devenus les indéfinissables débris ; mais, sous un autre rapport, ils doivent en avoir suffisamment pour participer utilement à la formation d'un être d'un nouveau type » ;
* le tout forme une structure : structure bornée par les limites du kaléidoscope, ou structure du système signifiant ;
* la combinaison particulière que prend le tout est contingente, résultant de la giration du kaléidoscope par l'observateur ou de certaines associations entre des oppositions différentielles ;
* la combinaison ainsi formée est projetée sur les choses, et n'est pas en elle-même objet d'une expérience pour l'observateur.
27/04/2007
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire